Aujourd’hui on va avoir la chance d’avoir un pro de l’affiliation adulte qui vient nous parler de son expérience.

Actif depuis les tous débuts de l’internet adulte français, Claude, le créateur et patron de Koocash, nous fait partager son parcours et sa vision du biz, sans langue de bois.

On commence aujourd’hui avec un retour sur ses débuts comme affilié et ses premiers pas comme sponsor.

Des sites qui faisaient 20 000 visiteurs par jour sans que je fasse vraiment d’efforts

J’étais étudiant au conservatoire de Lyon et musicien professionnel. Le soir comme tu peux pas répéter le biniou dans ta chambre d’étudiant à Lyon, je bidouillais sur internet.

En 99-2000 j’ai monté des pages perso Free comme pas mal de monde le faisait. Je piquais des images à droite à gauche, je faisais des pages, j’essayais de comprendre comment ça marche. Comme Free commençait à donner des stats je suis retourné voir ce que donnaient les sites et là je voyais que la fréquentation était colossale, avec des sites qui faisaient 15-20000 visiteurs par jour sans que je fasse vraiment d’efforts.

C’est la que s’est posée la question de savoir si je pouvais faire de l’argent avec ces pages. Je faisais le parallèle avec la musique en me disant que si je pouvais avoir 20000 personnes à mes concerts tous les jours j’aurais été richissime. Alors j’ai commencé à tagger Fais du Fric et Carpe Diem et comme c’était du dialer à 10 francs la minute ça a rapporté énormément d’argent. J’ai fait assez rapidement 200000 francs (30000 euros) par mois.

Là la question s’est posée : est-ce que je continue la musique ?

Surtout que je n’avais aucune structure légale, je faisais ça à l’arrache et assez rapidement j’ai été questionné par ma banque à cause des sommes d’argent qui entraient sur mon compte en provenance du Canada et d’Angleterre. Donc j’ai créé une société pour officialiser tout ça et j’ai mis de côté la musique.

On rigolait quand on arrivait à se piquer des positions

L’évolution ça a été d’appliquer un schéma mathématique.

J’ai fait un bac scientifique et j’ai toujours été très structuré dans ma façon de travailler. J’ai regardé les sites qui marchaient bien, j’ai vu que Google et certains moteurs de l’époque étaient les principales sources de trafic et je me suis contenté de reproduire à l’infini les sites qui recevaient le plus de trafic chez moi.

A l’époque j’avais pas de développeur et donc je faisais tout à la main en travaillant jour et nuit pour reproduire le même schéma sur des sites Free.

Rapidement on a eu un petit réseau de webmasters qui travaillaient ensemble, des vieux de la vieille dont beaucoup ont disparu entre temps mais dont certains sont encore là comme Lisa de Templates Adultes, Olivier et Larry qui bossent pour moi aujourd’hui. On était une vingtaine de webmasters à travailler ensemble et s’il y avait d’autres réseaux on ne les connaissait pas.

On travaillait ensemble mais on s’amusait, c’était moins concurrentiel. On rigolait quand on arrivait à se piquer des positions.

Aujourd’hui faire 30K le premier mois c’est tout simplement impossible sans une mise de départ pour investir. Mais en même temps c’est pas plus mal, ça permet au web de se professionnaliser. Ce que Google attend du web c’est qu’on élève le niveau. L’expérience utilisateur comme ils appellent ça.

du jour au lendemain on passe de 4500 euros de CA par jour à zéro

L’évolution vers le sponsor est liée a deux phénomènes.

D’abord la vague massive de blacklistage des spamdexers chez Google.

Rapidement on a recruté des développeurs pour automatiser le process de reproduction et générer des milliers de pages très rapidement. Mais Google a su y mettre un terme avec une Google Dance où la quasi totalité des sites ont été blacklistés.

Ca a été ma première expérience douloureuse et c’est peut être ce qui m’a permit de durer.

J’avais des réserves financière mais du jour au lendemain on passait de 20 ou 30000 francs (4500 euros) de CA par jour à zéro. Et là tu pleures.

Quand tu n’es pas habitué à gagner autant d’argent tu fais l’erreur de prendre un niveau de vie un excessif. Quand tu gagnes 1000 euros par mois tu crâmes tout et tu es à découvert mais c’est exactement pareil quand tu en gagnes 10 ou 20 000. Tu as tendance à te loger plus cher, prendre une voiture plus grosse, à aller dans des endroits plus luxueux. Et là ça fait très bizarre de devoir mettre un coup de frein sur le niveau de vie.

Ca a été presque une semaine de travail acharné quasi sans dormir pour remonter le réseau.

Et à l’époque il n’y avait qu’une Google Dance par mois. Quand tu te prenais une gifle de Google, de toute façon tu étais foutu pour 30 jours. Donc tu étais obligé de bosser comme un malade pour être prêt pour la Google Dance suivante sans même être sûr que ton travail porte ses fruits sur la suivante. Et si tu te plantais il fallait attendre 1 mois de plus et ainsi de suite. Il fallait être très réactif.

En parallèle à ça il y a eu l’ART qui a commencé à mettre le ola sur les lignes à 10 francs la minute puis a imposé le 5 francs par minute puis le 2 francs la minute.

Donc le CA a pris une gifle à cause de l’audience mais aussi à cause de la baisse du prix client.Tout ça m’a fait prendre conscience que faire du spamdexing était pas économiquement viable sur le long terme.

Et je crois que contrairement à tous mes camarades de l’époque moi j’ai pris l’argent que je gagnais pour investir dans des projets.

La musique c’est un enfer

Il y a eu un projet qui a été à pure perte qui était une plateforme de téléchargement légal de MP3.

Koodo Music c’était de la vente de CD, grosse erreur de vouloir se lancer là dedans dans les années 2000 mais bon…A côté de ça OverZik la plateforme de téléchargement légal.

Itunes était pas encore lancé, il y avait Virgin Mega qui se lançait à l’époque et on savait déjà que Microsoft et Apple se lançaient dans les formats propriétaires. Donc en fonction des formats supportés par ton lecteur tu devais acheter dans certaines boutiques et tu pouvais pas transférer la musique entre les supports. C’était très contraignant et nous on s’est dit ça marchera jamais. Si les maisons de disque se lancent là dedans les gens suivront pas.

Notre pari à l’époque c’était de contacter les maisons de disques et de leur dire “écoutez les gars vous êtes en train de faire une erreur. Si vous emmerdez l’utilisateur qui est disposé à acheter de la musique il va rester sur le piratage parce qu’il ne va pas comprendre pour quand il télécharge un titre ça marchera pas sur tous les supports”. Suffit de voir le niveau général des clients dans l’adulte pour comprendre ça.

On s’était dit aussi que si les majors n’étaient pas disposées à nous donner leur catalogue dans un format libre type MP3, les labels indépendants voudraient plus facilement nous suivre. Leur démarche musicale étant différente on pensait que la démarche de vente de musique en format libre pourrait plus facilement les intéresser.

Sauf qu’on s’est rendu compte que les méthodes de travail des indépendants sont exactement les mêmes que celles des majors et que seul l’emballage change. Des gens impitoyables niveau business, qui veulent des minimums garantis, qui te prennent de hauts etc…

Bref la musique c’est un enfer, y’a trop de choses et trop de gens à gérer.

Trop de gens qui veulent bouffer au ratelier distributeur, producteur, SACEM, licencié, l’artiste, les droits spécifiques pour les images… Si tu vends un clip 3 euros il y a 10 personnes qui doivent se payer dessus et toi en tant que diffuseur tu dois contracter avec chaque ayant-droit, une paperasse administrative délirante.

J’ai perdu énormément d’argent là dedans, j’ai investi pas loin d’1 millions d’euros et j’ai tout perdu. Au bout d’un moment je me suis séparé de tous les gens qui travaillaient dans Koodo Music et je me suis lancé à fond dans l’adulte.

No Credit Card France

En parallèle j’avais déjà lancé un cash programme, No Credit Card France.

C’était lié au fait que j’avais rencontré les gens d’eGroup, propriétaire de No Credit Card à Barcelone. Ils avaient une diffusion mondiale assez forte mais étaient peu présents en france. Avec mon réseau de connaissances on chatouillait des boites comme CD en terme de volume donc ils se sont dit on va leur filer notre dialer html, la licence de notre marque et c’est lui qui va commercialiser.

Effectivement leur solution était très performante et pendant 1 an, le temps que les autres se mettent à niveau, on a marché très fort.

On est monté à un certain volume mais il faut savoir qu’on avait à l’époque des conditions commerciales pas très intéressantes, on était moins reversés que certains webmasters chez Carpe Diem. On était monté fort en volume avec des reversements lamentables et eGroup ne voulait rien lacher niveau reversement. Du coup on stagnait commercialement à cause de ça, parce qu’on était pas compétitifs niveau reversements.

On a fini par se fâcher avec eGroup, ils ont repris leur marque et c’est là qu’on a lancé Koocash.

Pour moi le contrôle fiscal a duré deux ans

On a repris notre indépendance et on s’est construit petit à petit, pas avec des gros moyens parce qu’entre temps on avait assez morflé.

Il y eu une vague des controles fiscaux en France. Le fisc voyait bien qu’il y avait du biz qui se faisait sur internet mais plutôt que de contacter les entreprises amicalement pour qu’on leur explique notre business model, comme d’habitude en France, et c’est la raison pour laquelle je n’y suis plus et je n’y retournerais jamais, l’administration procède par des controles et des perquisitions pour aller fouiller dans tes comptes et avoir des réponses à ses questions.

Je trouve leurs méthodes absolument lamentables.

Si vous avez des questions téléphonez ! On est en france, on publie les chiffres, les comptes sont déposés. Vous pouvez les éplucher, vous avez pas besoin de venir me chercher à 6h du mat devant ma femme et mes enfants.

Pour moi le contrôle fiscal a duré deux ans, le temps de vérifier les infos trouvées chez moi chez les autres. J’étais tombé en un an de 5 millions d’euros à 800000 euros de CA, à cause de la blacklist de Google et de la baisse des reversements. Du coup ils étaient persuadés que les 4.2 millions d’euros étaient planqués quelque part dans un paradis fiscal.

Je me suis opposé longtemps à la CB30

En 2004 Dreamnex est arrivé sur le marché avec la première solution CB30. Je regardais ça de loin et j’ai fait l’erreur de m’y opposer pour des raisons morales.

Le dialer j’ai toujours trouvé ça bordeline mais quand on entend le modem raccrocher on se doute qu’il se passe un truc.

Je me suis opposé longtemps à la CB30 et j’ai du admettre que de toute façon la demande était plus forte que ma volonté. Pendant longtemps je disais “pas bien la CB30” et si par devant tout le monde disait “c’est bien Claude, tu as raison”, par derrière tout le monde en vendait.

C’est le constat du marché, qui le rend si difficile à responsabiliser : les gens vont toujours vers ce qui rapporte le plus de pognon.

Quand tu regardes les messages sur les forums, tu vois souvent des messages genre “les sponsors font ci c’est pas bien”. Mais il faut comprendre que ce sont pas les sponsors qui font leurs offres mais les webmasters, par leurs désirs et leurs demandes. Donc si l’objectif premier c’est de prendre du cash, tout sponsor qui veut s’installer durablement doit faire agressif parce que sinon c’est le voisin qui va le faire.

Si un sponsor adopte une stratégie hyper agressive à la limite de la légalité qui rapporte c’est là que les affiliés vont aller. Ca fait des vagues dans les forums mais limite tu as l’impression que c’est de la bonne publicité. On en parle beaucoup et les gens vont promouvoir parce qu’ils se disent que ça va marcher.

je ne vais pas avoir une médaille d’honneur pour ça

Le vol de contenu en ZM c’est typiquement le truc que j’ai jamais fait.

Je dépense énormement d’argent en contenu, on a acheté une intégale de contenu à 180000 dollars, on a acheté aussi du contenu HD pour 25000 dollars. Je pourrais piquer des vidéos et les mettre dans la zone membres, ça n’aurait pas d’incidence sur mon chiffre d’affaire mais ça améliorerait mes bénéfices.

Je ne le fais pas, je considère que les ayants droits des contenus qu’on vend doivent être rémunérés.

Je ne pique pas non plus de thumbs, déjà parce que techniquement nos pages de vente listent le contenu présent en ZM. Je suis parfaitement conscient que je ne vais pas avoir une médaille d’honneur pour ça. Les gens vont peut être se dire c’est bien, tous les contenus sont achetés mais ça ne changera rien à leur choix de sponsor.