On continue la série d’entretiens avec les acteurs de l’affiliation adulte fr avec aujourd’hui Jérôme, fondateur et boss de Vador.

Retour sur ses débuts précoces dans le biz, ses exploits de trader et sa première expérience comme sponsor chez Payglad.

J’ai fait mon premier site quand j’avais 14 ans

J’ai fait mon premier site quand j’avais 14 ans. J’ai pas compris dès le début qu’on pouvait gagner de l’argent avec, je l’ai plus fait à des fins contributives et pour apprendre un petit peu. Et ça m’a pris 1 an, 1 an et demi pour comprendre le processus de l’internet et comprendre qu’on pouvait gagner de l’argent.

Après j’étais toujours mineur donc c’était difficile de m’inscrire chez les sponsors, parce qu’à l’époque il fallait valider avec une carte d’identité. J’étais bloqué à faire de l’Allopass, je ne pouvais pas faire de kit mais ça ne m’a pas empêché de continuer. C’est comme si sans le savoir j’avais tiré une petite ficelle d’une pelote de laine et que cette ficelle allait conduire le cours de ma vie pour les quinze prochaines années.

Le premier site que j’ai fait a été validé sur Voissa et je me suis retrouvé avec 10 000 visiteurs pendant 72 heures, un truc comme ça. C’était vraiment une époque (2001-2002) où ça me paraissait énorme. Rapidement j’ai perdu beaucoup de trafic vu qu’il n’y avait que les nouveautés qui apportaient du monde et donc à ce moment là j’ai compris qu’il ne fallait pas faire un grand site mais plutôt beaucoup de petits, pour être en permanence dans les nouveautés.

J’ai ensuite vu qu’il y avait d’autres annuaires comme Vitamine H, Sexyloo, Rabbit Finder… Je me suis retrouvé à fabriquer 3 sites par semaine, des petits sites de vidéos, avec quelques photos et des petits extraits, des petits sites de stars… J’ai essayé de faire mon trou, en occupant l’espace des nouveautés de chaque annuaire.

Je promotionnais du SmartMovies, du WebFric, les vrais sponsors Allopass de l’époque et j’arrivais à me faire 20, 30, 40 euros par jour, parfois 50. C’était assez cool pour moi, j’étais jeune, ça me payait mes sorties mais j’avais pas encore dans l’idée de devenir professionnel de ça. C’était un hobby qui me payait mes extras. J’y passais beaucoup de temps mais j’avais pas l’ambition d’en faire un métier.

L’année où j’ai eu mon bac mes revenus ont commencé à devenir un peu plus sérieux

J’ai eu mon bac à 18 ans et l’année où j’ai eu mon bac mes revenus ont commencé à devenir un peu plus sérieux. J’ai continué à faire de l’Allopass, un peu de kit. Ca marchait bien, j’arrivais à dégager des revenus intéressants pour mon âge, un peu plus de 1000 euros par mois.

Suite à mon bac j’ai quand même essayé d’aller dans une université pour apprendre à faire des sites. J’ai fait un IUT multimédia services et réseaux de communication (où j’ai rencontré TripHop d’ailleurs) mais j’ai pas réussi vraiment à me mettre dedans, mon esprit était totalement occupé par mes sites. J’ai pas eu l’année et à partir de ce moment là je me suis dit que j’allais me concentrer à 100% sur le biz parce que pendant toute cette année ça avait continué de générer des revenus intéressants.

Les marques blanches c’était ce qui rapportait le plus et donc j’ai décidé d’en créer une

A l’époque en 2004 où je faisais des minisites et que je commençais le trade, j’ai bien remarqué que les marques blanches c’était ce qui rapportait le plus et donc j’ai décidé d’en créer une, mais spécialement pour les connexions bas débit, parce qu’à l’époque il y avait encore 40-45% de gens qui étaient en 56K. Les MB proposaient des vidéos de plusieurs centaines de mégas, et ça leur prenait une demi-journée au mieux pour avoir une vidéo.

Je me suis dit qu’il y avait du biz à faire et donc j’ai travaillé avec Cortex et Spijoelx pour créer cette marque blanche. Je les ai payé tous les deux pour le code, j’ai payé des licences mais j’ai gagné moins d’argent que ce que j’espérais avec et j’ai plus ou moins laissé mourir ce projet après l’avoir lancé, parce que je me suis rendu compte que le positionnement aurait été bon, mais deux ou trois ans plus tôt. On était dans une phase en France où l’ADSL arrivait un peu partout.

J’ai réussi à me maintenir en haut des positions des tops pendant un long moment

Pendant cette année j’ai senti que le vent tournait sur les annuaires et que c’était plus l’endroit où on pouvait capter le plus de trafic.

Je me suis fait des pages de trade et j’ai utilisé les minisites que j’avais fait pour injecter du trafic dedans. De cette façon j’ai réussi à monter sur les topthumbs, à l’époque c’était vraiment là où tout se jouait. A certains moments j’ai eu plusieurs trades mais le premier c’était videos-gratuites.net. J’ai réussi à améliorer ma technique en utilisant Turbo Trafic Trader, CJ Overkill, mais surtout j’ai fait développer quelques scripts perso d’optimisation de thumbs.

Je réussissais a l’époque à faire des taux de clic de thumbs pour chaque top thumbs directement sur leur page en plus de le faire sur les miennes. J’étais le seul pendant longtemps à bénéficier de cette techno qui paraissait délirante a l’époque, mais qui faisait que j’avais toujours le meilleur ratio IN/OUT de chaque top. En utilisant ces scripts j’ai réussi à me maintenir en haut des positions des tops pendant un long moment. Quand j’en avais un en première position j’essayais d’en placer d’autres et de squatter toutes les meilleures positions.

De cette façon j’ai réussi à dégager des revenus qui étaient vraiment intéressants. C’était en 2004/2005, à l’époque j’arrivais à me faire quelques milliers euros par mois.

C’est comme ça que j’ai mis le premier pied chez un sponsor

C’est aussi le moment où je suis devenu professionnel, en régularisant ma situation.

J’étais là tous les jours, j’avais plusieurs sites de trades, j’échangeais beaucoup de trafic. J’ai même réussi à monter videos-gratuites.net à 100 000 visiteurs par jour, ce qui était très rare et difficile à l’époque.

J’ai commencé à faire de la CB30 avec Alban et Flo, qui m’avaient contacté directement sur MSN. C’était le tout début de Payglad, Alban, Florian et Julien, leur admin et deux dévs. J’ai commencé à gagner plus d’argent avec la CB30 qu’avec Allopass ou le kit et j’ai bien vu que la CB30 était nettement plus rentable. Donc je suis passé en full CB30 et au moment où j’ai abandonné mon IUT, durant l’été qui a suivi j’ai rencontré Alban à Paris.

Je lui ai expliqué mon problème de régularisation de l’argent que je gagnais, du paiement des charges etc… et donc ils m’ont proposé que je sois un webmaster qui travaille en exclusivité pour eux, que mes sites soient en exclu avec leurs produits et en échange ils reversaient l’intégralité de mes gains sur une fiche de paye où j’avais un niveau cadre. C’est comme ça que j’ai mis le premier pied chez un sponsor.

On était pas vraiment un sponsor à l’époque, c’était juste une sorte de régie, vraiment archaïque.

Je pouvais pas me griller en faisant un tube

Ca s’est bien passé, moi j’étais content, j’avais maintenant des revenus qui étaient cleans.

Je me suis dit qu’il fallait que je persévère et que j’arrive à pousser le trade. A ce moment là j’ai déjà senti parce que j’avais beaucoup discuté avec Alban l’arrivée des tubes, l’arrivée du contenu gratuit en masse, et donc j’ai essayé d’investir le traf que j’avais en plus sur le trade sur un site qui était fidélisant et j’ai fait le site mesvip.com.

A l’époque les vrais tubes étaient tellement mal perçus que c’était pas possible d’en faire un. Si ça avait été bien perçu je l’aurais fait mais je n’avais pas envie de me griller totalement. Le trade ça marche beaucoup avec des échanges, je pouvais pas me griller en faisant un tube, sinon j’aurais perdu mes trades.

Et donc j’ai fait ce site Mesvip, qui proposait des vidéos de 2 minutes 30 en masse, avec une dizaine de nouvelles vidéos par jour et avec un site à peu près clean, sans popup, sans pub trop agressive. Et j’ai réussi à créer de la fidélisation autour de ce site. A l’époque ça marchait encore avec des clips de 2 minutes trente.

J’ai réussi à faire du bookmark, j’ai réussi au fil des années à amener ce site à avoir 100K visiteurs par jour, ce qui est pas mal et qui me générait des revenus très confortables parce qu’il y avait toujours les trades qui tournaient à côté pour alimenter ce site en traf pour qu’il continue à faire du bookmark.

J’étais rémunéré en fonction des résultats des outils que j’apportais

En même temps que je gérais Mesvip et mes trades, j’ai discuté avec Equinoxe pour qu’ils me fournissent un développeur.J’ai cherché un développeur, qui venait tous les jours travailler chez moi et qui faisait aussi du design, c’était une sorte de couteau suisse. Et dans le même temps Alban m’a demandé de travailler sur des promotions pour ce qui allait devenir Payglad.

J’ai commencé à faire des pops dhtml, faire des mailcatchers, j’ai amené le concept de l’infopop qui existait pas avant. J’ai commencé à faire des outils de promo avec Claz, qui était le designer d’Equinoxe de l’époque et j’étais rémunéré en fonction des résultats des outils que j’apportais. De fil en aiguille j’en ai fait de plus en plus et c’est devenu une source de revenus non négligeable.

Le côté sponsor m’intéressait de plus en plus et je travaillais de plus en plus pour Equinoxe, même si je devais toujours tenir mes sites parce que c’était ma principale source de revenus. A ce moment là j’ai atteint des rémunérations nettement plus confortables, avec des hauts et des bas.

Quand tu as 18-19 ans, que tu gagnes des sommes pareilles, tu as tendance à te lâcher, à oublier de travailler à certaines périodes, ce qui fait que les mois suivants tu gagnes moins. J’ai fait le yoyo comme ça un moment, en profitant de mon argent. Tu as envie de faire la fête à ce moment là, tu crois que tu es le roi du monde et pour moi je l’étais à ce moment.

J’habitais dans une coloc avec des amis et c’est vraiment une période dont je retiens que des bons souvenirs.

Le maximum qu’on pouvait montrer sur nos pages de vente c’était des nichons

En bossant pour Equinoxe je n’arrivais pas à avoir énormément d’informations, je n’arrive pas à savoir ce que rapporte réellement un abonnement, quel est réellement le volume total des abonnements du sponsor Payglad. J’ai du mal à avoir les infos, on ne me les donne pas et il me vient à l’esprit que je pourrais éventuellement travailler à Paris.

Ca tombe à un moment où eux ont vraiment besoin de moi aussi, parce qu’il y a la nouvelle version de Payglad et parce que c’était la fin de MissGlad (note d’Anthony : un gros portail adulte gratuit qu’avait lancé Equinoxe à l’époque). On m’a demandé de venir à Paris, ce que je souhaitais.

A mon arrivée chez Payglad on a Alban qui est en retrait, on a Julien qui est toujours fidèle à son poste et surtout on a Romain qui porte le sponsor à bout de bras avec Julien.

C’est aussi un moment où Payglad décide d’arrêter de faire des promos hard.

Plus de bites, plus de pénétrations, le maximum qu’on pouvait montrer sur nos pages de vente c’était des nichons et donc j’ai dû travailler de façon à maintenir les performances et le volume que faisait Payglad à ce moment là, malgré le fait que ça passe en soft.

C’était une décision qui venait de la direction d’Equinoxe à cette époque, j’ai pas le droit d’en parler parce que j’ai signé un protocole de confidentialité sur ce qui s’est passé là bas.

Il y avait une grande équipe chez Equinoxe à Paris

C’était un moment que j’ai énormément apprécié, être à Paris chez Equinoxe.

Parce que j’ai travaillé avec Romain, une personne de qualité dans le business, qui a très vite compris le biz et a réussi à se faire une place incontournable aujourd’hui. J’ai apprécié travailler avec lui, on est allé chercher des concepts marketing, on faisait des brainstormings qui étaient vraiment intéressants.

Mine de rien il y avait une grande équipe chez Equinoxe à Paris, il y avait une dizaine de développeurs, des gestionnaires de contenu, vraiment de quoi travailler et faire du no limit à ce moment là.

Surtout à ce moment j’ai rencontré Marc, mon associé à l’heure actuelle, qui était le directeur administratif et financier d’Equinoxe. On a commencé à discuter ensemble, le courant est bien passé. Moi j’avais un travail avec Romain qui était très difficile à réaliser. On devait trouver des concepts de façon à maintenir les ratios et la transfo, mais avec des restrictions qui étaient vraiment très difficiles à tenir.

C’est l’époque aussi cette année là où il n’y avait plus que Mondial CB qui faisait de la CB30. DTC avait arrêté, Dreamnex faisait du 1 euro, CD faisait du 1 euro.

Il y avait une vraie opportunité à saisir sur le business

J’ai demandé à être associé chez Equinoxe pour m’intégrer d’avantage dans la société mais ça n’est jamais arrivé. Au vu de la situation et de ma frustration, on s’est mis d’accord pour que je quitte la société.

Ca reste un formidable souvenir, cela m’a permis de faire de super rencontres, mais aussi d’apprendre les vrais rouages du métier, les chiffres précis d’un sponsor, le mode de fonctionnement, la gestion des équipes et la complexité qui se cache derrière un sponsor.

De son côté Marc avait été à Madère pour monter une boite qui ferait le billing depuis là bas pour le compte d’Equinoxe, mais à son retour ils avaient changé d’avis. Conclusion, il s’est lui aussi mis d’accord avec eux pour partir.

C’est a ce moment la que tout c’est joué, j’ai vu Marc un Dimanche de BBQ chez lui, et on s’est dit qu’il y avait une vraie opportunité à saisir sur le business, surtout vu l’amateurisme de Mondial. On s’est dit on a une carte à jouer, nous aussi on peut faire du billing, nous aussi on peut faire un vrai sponsor, on va faire beaucoup mieux que ce qui se fait techniquement et beaucoup plus sécurisé.

On a réussi à trouver des investisseurs qui nous ont filé un très gros chèque, de façon à avoir tous les moyens nécessaires pour réaliser notre projet, et c’était parti.